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La couverture médiatique continue sur le greenwashing a suscité un grand scepticisme à l’égard de l’investissement durable ou à impact. Dans son édition spéciale du mois de juin, The Economist a proposé « Exaggerated Superficial Guff » comme explication de l’acronyme « ESG », en prévenant que ces trois lettres « ne sauveront pas la planète ». Il est allé encore plus loin en qualifiant l’investissement durable de « woke capitalism » poussant les investisseurs à se tourner vers des rendements inférieurs. La polémique faisant couler beaucoup d’encre, le moment est venu de réétudier la question suivante : « Les rendements ajustés au risque ayant un impact positif sont-ils envisageables et réalisables ? »
Un contexte évoluant
Au cours des trois dernières décennies, le contexte du capitalisme a été façonné par une reconnaissance approfondie de l’interconnexion entre les systèmes biophysiques, sociaux et de marché. Cette approche systémique repose sur le consensus scientifique mondial, la nécessité sociale et la réalité économique. Après la crise financière mondiale, le Conseil de stabilité financière (CSF) a notamment été créé afin d’évaluer à la fois le risque endogène de marché (c’est-à-dire les risques qui émanent de l'intérieur des marchés, comme la crise des subprimes) et le risque exogène de marché (c’est-à-dire le risque provenant de l’extérieur du marché, comme le changement climatique). L’ampleur du risque climatique a conduit le CSF à superviser la publication de la Task Force on Climate-Related Financial Disclosures et a appelé à des stress tests climatiques par les grandes banques centrales et les banques d’importance systémique . Alors que le concept de risque exogène est devenu plus largement compris, les régulateurs de marché ont pris des mesures pour encourager le système de marché à s’attaquer de manière proactive aux risques à long terme pesant sur le développement durable. Par exemple, la taxonomie de l’économie verte de l’UE définit quelles activités économiques correspondent à des résultats à faibles émissions de carbone, économes en ressources et socialement inclusifs. Afin d’accroître cette correspondance, l’UE a adopté des normes de reporting sur le développement durable des entreprises (CSRD), des normes de divulgation des attributs de durabilité des produits financiers (SFRD) et s’assure, via la directive Mifid II, que les préférences et les risques des clients en matière de durabilité sont utilisés comme base pour garantir l’adéquation des produits.