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Sommé par le gouvernement chinois d'améliorer sa situation financière, HNA est prêt à se débarrasser des compagnies de l'ex-Swissair qu'il détient, a appris AWP. L'opération n'ira pas de soi pour le groupe chinois après les échecs des introductions en Bourse de Gategroup et Swissport. Le prix de vente constitue la pierre d'achoppement essentielle, notent les spécialistes.
Gategroup, SR Technics et Swissport sont sur le marché des fusions-acquisitions, a indiqué à AWP une source proche du dossier sous couvert d'anonymat.
Interrogé par AWP, HNA n'a pas répondu aux nombreuses sollicitations.
"A mon avis, HNA va considérer des offres pour ces trois entreprises", affirme Daryl Liew, gestionnaire auprès de Reyl à Singapour. Le spécialiste de la banque genevoise rappelle que les désinvestissements se sont suivis à un rythme soutenu depuis le début de l'année.
Fièvre acheteuse
La fièvre acheteuse dont a été victime le mastodonte chinois ces deux dernières années a causé un endettement de 50 milliards de dollars (49,8 milliards de francs) qui a préoccupé jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir chinois. Les banques du pays, contrôlées par l'Etat, ont été priées de réexaminer leur exposition à HNA, accentuant la pression sur le groupe.
Parmi les dernières cessions figure une unité immobilière, vendue en mai pour 2,9 milliards de yuans (450 millions de francs). HNA va vendre une part de 26,5% de l'opérateur espagnol NH Hotel pour 622 millions d'euros (719,4 millions de francs) et cherche à se défaire d'une participation de 26% dans la chaîne hôtelière américaine Hilton, acquise en 2016 pour 6,5 milliards de dollars.
Importance stratégique
Les observateurs anticipent également un retrait progressif du capital-actions de Deutsche Bank. HNA a réduit en avril son engagement dans la grande banque allemande à 7,9%, contre 8,8% auparavant.
Ces deux derniers cas ne manquent pas de piquant. Interrogé par Reuters en décembre, l'administrateur de HNA Zhao Quan qualifiait les investissements dans Hilton et Deutsche Bank de réussite et appelait de ses voeux une intensification de la collaboration avec ces entreprises.
Les désinvestissements dans Hilton et Deutsche Bank posent la question du sort qui sera réservé aux autres actifs stratégiques. Swissport, SR Technics et Gategroup entreraient dans cette catégorie. "Les trois sociétés renforcent la position solide de HNA dans l'aviation. Les synergies sont évidentes", explique M. Liew.
Pour l'analyste, le conglomérat chinois pourrait s'en séparer malgré tout. "Tout simplement parce que HNA, dans sa frénésie d'achats, a trop grandi."
Chez Vontobel, on se montre plus réservé. "C'est très difficile d'y voir clair, car la stratégie est illisible chez HNA", explique l'un des analystes de la banque zurichoise.
A en croire ces spécialistes, vouloir vendre est une chose mais trouver un acheteur sera une autre paire de manche. Les récentes tentatives de cotation de Swissport et Gategroup ont démontré qu'il y a un véritable fossé entre l'idée que se fait HNA de la valeur des deux entreprises et les montants que les investisseurs sont prêts à débourser pour s'en emparer.
L'introduction à la Bourse suisse a été abandonnée pour Gategroup et renvoyée aux calendes grecques pour Swissport, des décisions annoncées respectivement en mars et en avril 2018.
Trop cher pour les investisseurs
"Les investisseurs ne sont tout simplement pas prêts à mettre le prix", résume l'analyste de Vontobel. Daryl Liew arrive aux mêmes conclusions. "Il y a eu des rumeurs selon lesquelles le fonds souverain singapourien Temasek était intéressé à Swissport et Gategroup. Toutefois, Temasek a une réputation de discipline (...) et refuse de payer trop cher des actifs."
C'est là que réside le dilemme pour HNA, qui ne doit pas donner l'impression de vendre les joyaux de la couronne à vil prix. "Malgré la pression (...), le groupe a pris garde à ne pas céder ses actifs en catastrophe pour des montants dérisoires", souligne M. Liew.
Des alternatives à la vente
A défaut de vendre à des tiers, le conglomérat chinois pourrait trouver des alternatives à l'interne, selon le spécialiste de Reyl. La compagnie aérienne Hainan, cotée à Shenzen et appartenant à HNA, pourrait, par exemple, prendre une participation dans SR Technics.
Daryl Liew évoque également des rumeurs selon lesquelles le groupe chinois pourrait créer un fonds, financé par des investisseurs externes, qui pourrait racheter les actifs. "La stratégie serait similaire à celle du fonds Vision de Softbank".
HNA est actif dans l'aviation, l'immobilier, la finance, la logistique et le tourisme. Le géant chinois revendique 600 milliards de yuans (94,15 milliards de francs) de recettes annuelles. Il avait acheté Gategroup et SR Technics en 2016. L'acquisition de Swissport remonte à 2015.